Cancer colorectal : la Fondation Avec aide une équipe de recherche au Paraguay

Parce qu’elle s’engage également à l’international pour mobiliser les instances et les individus dans la lutte contre le cancer, la Fondation Avec n’hésite pas à encourager ponctuellement des actions innovantes pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer par delà les frontières. Bien qu’elle mène l’essentiel de ses actions en France, elle a ainsi tenu à apporter son soutien à un projet visant à aider les malades ayant un cancer colorectal au Paraguay à mieux vivre leur stomie.

Menée sous la direction des Docteurs Wilfrido Encina, Jorge Alarez, Derlis J. Maciel et Jose Duarte, cette expérimentation réalisée auprès de 70 patients a aussi bien été soutenue par des instances locales telle que l’Institut National du cancer paraguayen qu’internationales comme l’American Society of Clinical Oncology. La Fondation Avec a décidé de la soutenir dans la prolongation de sa mission d’amélioration de la qualité de vie des patients.

Un pays, deux défis à relever pour aider les malades de cancers colorectaux

Le Paraguay est l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud : 41% de ses 6,7 millions d’habitants y vivent sous le seuil de pauvreté et 18% sont même dans une situation de précarité extrême. Aussi, alors que les autres pays de la région consacrent aux services sociaux et médicaux un budget moyen de 700$ par personne, l’Etat ne dépense là-bas que 145$ par habitant.

Pourtant, au Paraguay comme ailleurs, l’incidence du nombre de cancers est en augmentation constante. Le pays recense entre 8 000 et 9 000 nouveaux cas chaque année mais ce chiffre est certainement en-deçà de la réalité, le gouvernement ne disposant pas des moyens nécessaires pour avoir des statistiques fiables sur l’ensemble de son territoire.

Tous les ans, 2 000 nouveaux cas de cancers colorectaux sont diagnostiqués au Paraguay. Au cours de leur parcours de soins, certains des patients atteints de cette maladie doivent subir une stomie ou anus artificiel, déviation chirurgicale temporaire ou permanente de l’appareil digestif qui permet d’évacuer les selles vers une poche installée au niveau de l’abdomen. On estime qu’entre 400 et 500 paraguayens vivent aujourd’hui avec une colostomie.

Comme tous les malades qui subissent une telle intervention chirurgicale, ces hommes et ces femmes font face à une dégradation importante de leur qualité de vie. En plus d’avoir à gérer des problèmes de rétrécissement, de hernie parastomiale ou de peau liés au frottement de la poche, ils témoignent souvent d’un mal-être psychologique et de difficultés dans leurs vies sexuelle, professionnelle et quotidienne.

Ces malades ont donc tendance à se renfermer sur eux-mêmes, et cela est encore plus vrai pour ceux qui n’ont pas la possibilité de disposer de poches bien étanches. De fait, pour des raisons sanitaires mais aussi de bien-être, il est indispensable d’apprendre aux patients, souvent maladroits, mais aussi au personnel médical qui les accompagne à installer correctement ce dispositif de façon à ce qu’il ne fuit pas. Cette formation est d’autant plus importante pour les Paraguayens qu’ils doivent composer avec le climat local et son humidité élevée qui a tendance à diminuer la capacité d’adhérence de la poche à la peau.

A ce premier défi s’ajoute celui de l’amélioration de la qualité même des appareillages proposés aux malades. Sachant que le revenu annuel moyen par habitant s’élève au Paraguay à 1 500$, on comprend aisément que le prix de 15$ pour une poche à changer tous les deux jours soit prohibitif pour beaucoup. Les plus pauvres n’hésitent donc pas à improviser des dispositifs à partir de sacs en plastiques par exemple, au risque de contracter une grave infection.

Une action commune pour changer des vies

Interpelée par cette situation, la Fondation Avec a tenu à s’associer à l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), à la Sociedad Paraguaya de Enfermeria Oncologica, la Sociedad Paraguaya de Cirugia Oncologica, au Ministère de la Santé Publique et du Bien-être social, à l’Institut national du Cancer paraguayen, à la municipalité et à l’université d’Asuncion pour soutenir un projet permettant d’améliorer significativement la qualité de vie des patients atteints d’un cancer colorectal.

Elle a ainsi débloqué 16 000 $ pour contribuer à la mise en place d’un registre recensant les malades ayant subi une stomie pour leur faire bénéficier d’un meilleur suivi et d’un programme éducatif destiné aux infirmiers et aux patients afin de leur apprendre à mieux prendre en charge les cancers colorectaux. Cette somme a également servi à encourager l’élaboration et le développement d’un nouveau prototype de poche à bas prix. Conçu à partir d’un sac dont la commercialisation est très répandue dans le pays et d’une pièce en plastique, ce dernier a un coût de fabrication de 2$ seulement et répond à tous les critères d’hygiène et de confort requis. Actuellement à l’essai, il semble satisfaire toutes les attentes, si bien que sa distribution sera très probablement généralisée.