Journal LA CROIX – Les nouvelles façons de donner – Le Guide des dons legs et donations
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Journal LA CROIX – Les nouvelles façons de donner

Par Nathalie Birchem, le 2/8/2017 à 05h55

Source : http://www.la-croix.com/Economie/Economie-solidaire/nouvelles-facons-donner-2017-08-02-1200867304#

Financements participatifs, don par SMS, arrondi solidaire… Depuis une dizaine d’années, une multitude de nouveaux outils de dons en ligne se sont développés. Gadgets ou vraies innovations ?

En 2016, 26% des Français ont fait un don sur Internet, soit deux points de plus qu’en 2015.
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En 2016, 26% des Français ont fait un don sur Internet,
soit deux points de plus qu’en 2015. / Xavier Testelin/Divergence
Au printemps, en quelques clics, Xavier Rousset a contribué à faire gagner 9528 € à trois associations : Tous pour Soren, qui aide un enfant à affronter une intervention chirurgicale, Namasté, qui parraine un orphelinat au Népal, et Trisomie21 Marne.

Comme une trentaine d’autres coureurs à pied de l’association Endurance et Aventure, ce quadragénaire de l’Aube a participé en avril au Marathon des sables, une course extrême de 250 km en six étapes dans les sables du sud du Maroc. Mais avant, il a sollicité par courriel le ban et l’arrière-ban de ses connaissances pour leur proposer d’acheter des kilomètres afin d’abonder la cagnotte ouverte sur HelloAsso, une plateforme de financement participatif dédiée aux projets solidaires.

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Parmi les 160 donateurs qui ont dit banco, il y a Sophie, une habituée des petits dons. En plus des 50 € versés chaque année par chèque à son association de cœur, Solidarités nouvelles face au chômage, elle a testé la toute nouvelle formule de don par SMS, ce qui lui a permis de verser 5 € à la Croix-Rouge, prélevés ensuite sur sa facture téléphonique.

Cet été, elle n’exclut pas, si elle repasse par le zoo de Beauval, d’arrondir à l’euro supérieur ses achats au self ou en boutique, le surplus servant à financer la protection d’une espèce animale. Elle a aussi téléchargé sur son téléphone l’application « Je donne ». Et s’intéresse sérieusement au moteur de recherche Lilo. Celui-ci permet, à chaque requête sur Internet, d’amasser des « gouttes d’eau » qui permettront de reverser une partie des revenus publicitaires générés à des projets sociaux ou environnementaux.

Un intérêt grandissant au e-don. Avec retard.

Combien sont-ils ces donateurs qui, comme Sophie, préfèrent désormais cliquer solidaire plutôt que de sortir le traditionnel carnet de chèques ? De plus en plus, si l’on en croit la sixième édition du baromètre e-donateurs publiée par l’agence Limite et l’Ifop qui affirme que, en 2016, 26 % des Français ont donné sur Internet, soit 2 points de plus que l’année précédente.

Bien sûr, cela pèse toujours moins de 5 % de l’ensemble des dons aux associations. Mais les associations s’y intéressent désormais de près, contraintes et forcées par l’évolution de modes de consommation. Avec retard.

Ainsi, alors que le paiement en ligne a fait son apparition dès le milieu des années 1990, «le don en ligne ne s’est imposé qu’après le tsunami de 2004 où les gens, très émus par la catastrophe, ont voulu donner rapidement, analyse Nolwenn Poupon, responsable des études et de la communication chez France générosités. Désormais, le don en ligne représente une vraie tendance de fond, tout comme le prélèvement automatique. Mais il faut du temps pour que les choses se mettent enplace».

De même, le crowdfunding, ou financement participatif, a émergé en France au milieu des années 2000. Mais «ce n’est qu’à parti de 2010 qu’on a vu le sujet monter pour les associations», reprend Nolwenn Poupon, avec des plateformes comme Ulule, Kiss Kiss Bank Bank ou HelloAsso, spécialisées dans les projets solidaires.

Les nouveaux outils du don

Désormais, quelques grosses associations, comme le Secours catholique, créent à leur tour leur propre plateforme. Selon le baromètre du crowdfunding, 68,6 millions d’euros de dons ont été collectés de cette façon en 2016 contre 50,15 en 2015. «On a plus de 30000 associations qui collectent via notre plate-forme et on va passer la barre des 50millions d’euros cet été, dont la moitié collectée sur les douze derniers mois», confirme Charlie Tronche, responsable des partenariats chez HelloAsso.

Autre formule qui prend de l’ampleur : l’arrondi, créé en France en 2008, qui permet de donner à une association le surplus généré par l’arrondi à l’euro supérieur du montant d’un achat. Il est aujourd’hui possible de faire de même sur le bulletin de salaire. Selon le bilan fait par l’association Microdon, plus de 3,2 millions d’arrondis ont été enregistrés en 2016 pour un montant de 759000 €. «Et ça double chaque année. On en est déjà à 600000€ collectés en juin2017», précise Nolwenn Poupon.

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Si désormais plus d’une centaine de grosses enseignes, comme le vendeur de vêtements Jules, le parfumeur Sephora, le distributeur Casino ou la chaîne Nature & Découvertes, pratiquent l’arrondi en caisse, un gisement très important réside dans l’extension des entreprises qui le proposent à leurs salariés, comme le fait déjà Thales par exemple. «Si un bon nombre d’employeurs s’y mettent, il y aura là un vrai potentiel dans quelques années», estime ainsi Jean-Marie Destrées, délégué général adjoint de la Gondation Caritas.

le « goodtweet »

Quant aux dizaines d’innovations technologiques qui se créent chaque année, il faudra attendre un peu pour savoir si elles seront autre chose qu’anecdotiques. Par exemple, la version digitale et solidaire du célèbre jeu de devinettes Le Schmilblick, qui doit être lancée à l’automne et permettra de faire gagner de l’argent à des associations grâce à des revenus commerciaux et publicitaires, prendra-t-elle autant que le jeu télévisé ?

De même le « goodtweet », ou don en un tweet, développé par Heoh, trouvera-t-il son public ? Également présente sur le marché du don par SMS, cette start-up a créé de nombreux outils, dont le don sur terminal de paiement, qui permet de faire, au moment du règlement en caisse, un don soit à l’arrondi, soit d’un montant fixe ou proportionnel à l’achat.

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Le don lors d’un achat en ligne, sur un site marchand, fait aussi partie de sa panoplie. Tout comme le « don sans contact », généré par la présentation de la carte bleue aux abords d’une borne, présente dans un musée ou un hôpital par exemple. Son dernier produit ? Une « goodcard », carte bancaire qui permet de faire un geste envers l’association de son choix à chaque utilisation.

« Un enjeu à trouver des donateurs plus jeunes »

Ce développement tous azimuts de la générosité embarquée dans le quotidien n’est pas sans poser question. D’un côté, «les donateurs vieillissent et il y a un véritable enjeu à en trouver de plus jeunes», analyse Jacques Malet, président de Recherches & Solidarités, qui ajoute : «Ces nouveaux outils conviennent bien aux jeunes générations, et elles ont l’avantage de permettre de raccourcir le temps entre l’intention de donner et le passage à l’acte.» De l’autre, reste à savoir si ces formules ne vont pas contribuer à favoriser les tout petits dons au détriment des gros chèques.

«Je ne crois pas du tout que ça va cannibaliser le système, estime Mathilde Cuchet-Chosseler, déléguée déontologie au Comité de la charte du don en confiance, qui labellise les associations collectrices. En revanche, « il y a un vrai enjeu dans la fiabilisation de toutes ces formules pour assurer aux donateurs que l’argent collecté va bien au projet». Un gros chantier en perspective.

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REPÈRES

Le panorama du don

58 % de Français donateurs. Selon le dernier baromètre de la générosité publié par l’association France Générosités, près de 6 Français sur 10 déclarent avoir fait au moins un don à une association dans les trois dernières années. Près d’un Français sur deux (46 %) donne au moins une fois par an.

Une donatrice de plus de 50 ans. Le donateur type est plutôt une donatrice (55 %) et se situe plutôt dans la tranche des plus de 50 ans (52 %).

Un don moyen variable. Le don par chèque atteint en moyenne 63 €, le don en ligne 104 €, tandis que le prélèvement automatique mensuel est de 12,8 €, soit 153,6 € par an.

Trois causes prioritaires. Les trois causes les plus soutenues par les Français sont la protection de l’enfance, la recherche médicale et la lutte contre l’exclusion.

Nathalie Birchem

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