Générosité : les dons stagnent, le nombre de donateurs baisse – Le Guide des dons legs et donations
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Générosité : les dons stagnent, le nombre de donateurs baisse

Le nombre de personnes déclarant soutenir une association a reculé et le montant des dons stagne. Une évolution inédite révélée par le baromètre de la générosité de Recherches et Solidarités, que « La Croix » publie en exclusivité.

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S’agit-il d’une lame de fond ? Ou simplement d’une mauvaise année ? En 2016, le nombre de personnes ayant déclaré un don, sur leur impôt sur le revenu, a reculé de 4,2 %, selon la 22e édition du baromètre de la générosité, que le réseau associatif Recherches & Solidarités publie lundi 4 décembre en exclusivité dans La Croix.

Une situation quasi inédite pour Jacques Malet, le fondateur de ce collectif d’experts : « C’est une surprise, observe-t-il. Depuis vingt-deux ans que je suis ces données, je n’avais jamais vu ça, sauf peut-être en 1995 au moment des grandes grèves contre la réforme Juppé. Et encore, à l’époque, les chiffres étaient moins précis car ils ne permettaient pas de distinguer les dons aux associations et les dons aux partis politiques. »

Après avoir décollé au début des années 2000, le nombre de donateurs stagnait déjà, il est vrai, depuis près de dix ans. Mais, cette fois, le décrochage est net : en 2016, 5,28 millions de foyers fiscaux ont déclaré au moins un don aux associations sur leur feuille d’impôts sur le revenu, contre 5,51 millions en 2015.

Bilan stable pour les plus grosses associations

De plus, ce résultat décevant se double d’un autre indice de mauvais augure : alors que depuis une dizaine d’années, le montant des dons déclarés augmentait significativement – avec une progression de 7,2 % en 2014, ralentie à 3,7 % en 2015 –, ils ont stagné pour la première fois en 2016, avec 2,488 milliards d’euros, souligne le baromètre.

Téléchargez l\’étude de Recherches&Solidarités

Cette double évolution défavorable est visible également dans les chiffres des associations. Le réseau Recherches & Solidarités a ainsi étudié les sommes collectées (impôt sur le revenu et ISF) portés aux comptes des 75 plus grosses associations qui collectent plus de 2 millions d’euros. Selon les estimations calculées par Recherches & Solidarités, le montant total des dons versés se situe« entre 4,4 et 4,5 milliards d’euros, pour l’année 2016 » et ce montant est lui aussi« sans évolution significative par rapport à 2015 ».

Dans ce tableau, les collectes réalisées par l’Église catholique résistent un tout petit mieux. En 2016, les dons aux associations diocésaines ont augmenté de 1,3 %, mais le nombre de donateurs fléchit de 2,6 %. Pour l’Église protestante unie de France, « les recettes ordinaires internes, provenant uniquement des membres des communautés locales, ont diminué de 1,6 % par rapport à 2015 », note le baromètre.

Le difficile recrutement de nouveaux donateurs

Bref, relève Jacques Malet, « le signal est suffisamment net pour nécessiter une prise de conscience des associations ». D’autant que peu d’éléments conjoncturels plaidaient pour de mauvais résultats cette année-là. « Il y a eu pas mal de catastrophes naturelles, qui stimulent en général les dons. Le moral des ménages n’était pas particulièrement mauvais, et ce n’était pas une année électorale », ajoute l’expert.

Jacques Malet évoque deux hypothèses : « Avec les bruits récurrents autour de la réforme de l’ISF, certains gros donateurs ont pu préférer y avoir recours une dernière fois car la ristourne fiscale ISF (75 %, NDLR) est plus importante que l’abattement via l’impôt sur le revenu. À l’inverse, de moins en moins de ménages modestes sont imposés, ce qui a pu agir à la baisse sur le nombre de déclarations. »

Mais, au-delà, se confirme une tendance de fond, déjà connue : les associations font face à une vraie difficulté à renouveler les donateurs. Non pas que l’engagement des donateurs fidèles faiblisse. « Cette fidélité se mesure par la croissance continue du don moyen, qui atteint 472 € en 2016 contre 450 € en 2015 », note Jacques Malet. Mais ce bel effort est de plus en plus porté par ceux qui gagnent le mieux leur vie.

Les plus jeunes, moins fidèles que les retraités

En 2016, 56,8 % des donateurs déclaraient un revenu net imposable de plus de 39 000 €. Logiquement, les retraités représentent plus de la moitié des donateurs : 22 % des donateurs ont entre 60 et 69 ans et 31 % ont 70 ans et plus.

Toutefois, signe d’espoir : les moins de 30 ans sont ceux qui donnent le plus par rapport à leur revenu, avec un « effort de don » de 2,4 % – soit un taux plus élevé encore que les plus de 70 ans (2,3 %). La relève est donc là, même si, bien sûr, le montant des dons ne peut pas être le même à 20 ans qu’à 70.

Encore faut-il capter l’attention de ces jeunes donateurs. « Les nouvelles générations n’ont pas les mêmes motivations, estime Jacques Malet. Alors que les donateurs plus âgés sont souvent fidèles à une association, les plus jeunes ont envie de financer un projet précis. Les associations doivent adapter leur message. »

Nouvelles formes du don

Sans doute la multiplication des nouvelles formes de dons (crowdfunding, arrondis, dons par SMS…) donne-t-elle de nouveaux outils aux associations pour toucher les futurs donateurs. Avec un risque, cependant : celui de faire concurrence au chèque ou au prélèvement automatique, souvent synonymes de dons plus généreux et fidèles.

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Source de l\’article : https://www.la-croix.com/Economie/Economie-et-entreprises/Generosite-dons-stagnent-nombre-donateurs-baisse-2017-12-04-1200896771?from_univers=lacroix